le ventre des femmes est devenu ma maison
j'y connais les murs et j'y tairai l'oraison
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1 9 7 3 - 2 0 0 7 | tu crois quoi fili ?
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Dans la baie
Fatima
m’attira
toute à soi
dans ses bras
pour le rêve
que je baise
jusqu'à grève
sa baie d'ève
lèche-t-elle
tout mon sel?
jouvencelle
des faisselles
dans l'estran
glâbre grand
je m'éprends
sabre gland -
Electre et faune
au matin la colline - habile au vert - m'arrime
je vois l'analogon gésir au fond sableux
mort encor mais il jette aux sorts libidineux
durant la nuit dragons et vers brûlent mes rimesau jardin ma pauline habille en vers ma rime
écume iode et ortie diable! me faunétisent
nu comme en vers comme l'air électrise! -
Oh combien de romans, combien de balivernes ?
Paul Lafargue dans sa "légende de Victor Hugo" (note #15) évoque la paternité de Victor en ces "détails biographiques sur le Général Hugo [père]" qui "permettront au psychologue de s'expliquer comment tant de diplomatie pouvait se loger dans un si jeune cerveau." :
"Monsieur Belton qui a fait des recherches sur la famille Hugo, a découvert que le vieux général [son père donc] écrivait et rimait en diable. À sa mort il a laissé une liste de manuscrits: La Duchesse d'Alba, Le Tambour Robin, L'Hermite du lac, L'Épée de Brennus, Perrine ou la Nouvelle Nina, L'Intrigue de cour, comédie en trois actes, La Permission, Joseph ou l'Enfant trouvé, etc., ces ouvrages sont perdus ou égarés. Bien que Victor Hugo ne mentionne jamais les productions poétiques et romantiques de son père, il les admirait beaucoup. Dans une lettre adressée au général, et citée par M. Belton, il parle d'une pièce qui l'a « pénétré jusqu'au fond de l'âme », dans une autre, il mentionne un poème, Lucifer qui l'a « transporté ». Si l'on ne connaissait sa piété filiale, on s'étonnerait qu'il ne se soit jamais occupé de sauver de l'oubli les oeuvres « remarquables » de son père, lui qui a recueilli et si précieusement conservé ses moindres excréments littéraires, que pour leur péché d'hugolâtrie, messieurs Vacquerie, Meurice et Lefebvre sont condamnés à publier, sinon à lire."
Extrait de "la légende de Victor Hugo - étude écrite en prison sur des notes recueillies en 1869", Paul Lafargue. -
Algorithme du dimanche
Run Marie pleine de sang
(implémentation perpétuelle d'assertions dans Marie)100
102 BLANC
104 des yeux
106 des mots
108 le sang des draps
110 le sang des roses
112 les sangs cardinaux
114 le sang de la première
116
118 NOIR
120 le sang noir
122 le sang des noirs
124 le sang tellurique
126
128 ROUGE
130 le sang des sens
132 le sang des gemmes tranchant
134 le sang des sexes faibles au sexe au clair
136
138 BLEU
140 le sang des rois des dieux des reines et déesses
142 le sang du sabre de Pierrot de Pibrac
144 le sang de Kenny Clarke
146
148 VERT
150 les sangs vierges
152
154 ORANGE
156 protest sang
158
160 JAUNE
162 fatal error : sang dans les urines
164
166 GOTO 100 -
Mahmoud
"... Dans le grand départ je
t'aime plus encoreDans le grand départ les papillons guident nos âmes. Dans le
départNous nous souvenons d'un bouton de chemise perdu, et
nous oublionsLa couronne de nos jours. Nous nous souvenons de la
sueur aux parfums de l'abricot, et nous oublionsLa danse des chevaux dans les nuits de noce. Dans le
départNous égalons l'oiseau. Nous compatissons pour nos jours
et nous nous contentons de peuIl me suffit de toi le poignard doré qui fais danser mon
coeur meurtriTue-moi lentement et je dirai : Je t'aime plus que
Je ne l'ai dit avant le grand départ. Je t'aime. Rien ne me
fait malNi l'air, ni l'eau. Plus de basilic dans ton matin, plus
De lys dans ton soir qui m'endolorissent après ce départ"
Mahmoud Darwich "Au dernier soir sur cette terre" (Extrait IX)
traduit de l'arabe palestinien par Elias Sanbar.
A cette lecture si vous ne sentez rien, alors vous êtes une pierre. -
La balkanisation du jazz
Extrait de Jazz-Hot N°620, Critique de la Rétrospective Charlie Parker (40-53) Saga 982 765-6 (Universal), par Yves Sportis.
"Au sujet de Parker, à propos des articles parus dans le n° 618, nous avons reçu des courriers ou réflexions d'adhésion et de rejet. L'un de nos attentifs lecteurs (qui corrigent nos erreurs) s'est déclaré en désaccord avec la thèse de ces articles inscrivant Parker dans un continuum culturel sans rupture. «L'arrivée de Bird fut un réel choc pour beaucoup, dit-il. Un "Martien"!! N'en déplaise à sa théorie de continuité. Sa musique fut véritablement une révolution!! Sans cela pourquoi aurait-elle été à ses débuts complètement incomprise?»
Ces arguments, pour être courants, appellent quelques réflexions: est-ce parce que des Français ont été surpris par une expression qu'ils n'ont pas vu grandir et s'épanouir ou qu'ils cernaient moyennement compte tenu de l'information dont ils disposaient, et encore parce qu'ils n'en détiennent pas les clés culturelles, que les musiciens de cette expression sont des «Martiens» ? L'idée est un peu simpliste et tout simplement ethnocentrique. Le jazz s'est developpé sans penser aux Français, notre ego dut-il en souffrir. D'un autre côté, à chaque fois qu'on découvre des musiques fortes, on pourrait prétendre à une révolution qui n'en est une que du fait de son ignorance. Quand pour la première fois, on entend Armstrong aussi bien que Dizzy, Parker, Coltrane, Mingus et Django, on a le sentiment de naître à la musique. Ce n'est pas pour ça qu'il s'agit d'une révolution. Ces musiciens sont des bibliothèques et en même temps des développeurs du langage du jazz. Et ce coffret des premiers enregistrements de Parker (1940) et jusqu'à 1953 a ce mérite de montrer combien cette musique s'accommode, s'enracine dans, se nourrit de ce qui l'a précédée. Les beaux échanges avec Lester Young, et ce solo absolu de 1940 autour du «Body and Soul» du maître Parker (on parlait récemment du plaisir pris par Parker dans un enregistrement vidéo avec le grand Hawkins) en attestent.
La thèse «révolutionnaire» a servi en France à la fabrication des petits pouvoirs de chapelles désastreux pour la compréhension du jazz et son développement. Il est bien certain que lorsque l'horizon est bouché par un pape, on s'invente une nouvelle église pour avoir sa part de pouvoir, c'est vieux comme le monde. Il y a aujourd'hui les papes du free jazz comme il y a eu Panassié en son temps, puis Hodeir, etc. On en est aujourd'hui à la balkanisation, avec l'idée d'expulser les artistes de jazz de leur propre culture au nom de la énième révolution (du énième marché, pouvoir, etc.), pour dire que la dernière révolution veut que le soldat Truffaz soit moderne (il vient de recevoir une médaille) et Brad Leali un musicien du passé parce qu'il parlerait tout simplement sa langue, la langue du jazz. Voir Brad Leali en jam avec Kirk Lightsey, Santi Debriano, Darryl Hall, Mourad Benhammou comme lors de l'anniversaire de Jazz Hot pendant un set d'une rare intensité, permet de comprendre que la langue possède son génie collectif et que ceux qui la parlent n'ont besoin que d'y apporter le génie particulier de leur vécu. Cet abus du terme «révolution», c'est en fait ce qu'un psychanalyste appelle le complexe du second-premier: celui, celle il ceux qui, arrivés après, prétendent expulser les habitants des cultures de leur espace d'expression, au nom d'une pseudo-modernité révolutionnaire qui reformule y compris l'essence des cultures en tentant de garder une étiquette (le marché et le pouvoir) vidée de son contenu. C'est un processus de négation (de mémoire, de l'autre) à l'oeuvre aujourd'hui qui veut que pour s'accaparer un secteur, artistique en l'occurrence, on en expulse les créateurs en les disqualifiant au nom d'une modernité qui n'est que mode. En jazz, on appelle ça « révolution », car on situe le jazz à gauche. On a besoin aussi de dire malhonnêtement que c'est parce qu'on n'est pas raciste (sous entendu si vous n'êtes pas d'accord, vous l'êtes) que n'importe qui peut redéfinir le jazz, une manière habile de nier l'importance du vécu et de l'environnement nécessaire à l'élaboration du jazz. Pour résumer, c'est le jazz en lui même qui est une révolution, la mise en œuvre d'un art populaire universel (et pas d'un folklore) par une population marginalisée, qu'il s'agisse de Parker ou de Django. Le jazz est une révolution dans l'histoire de l'art, oui, mais pas ses composantes générationnelles entre elles, et certainement pas les décalques qui prétendent aujourd'hui le reformuler en le vidant de son sens."Yves Sportis
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Buissons et concaténations
Tun’aspasdemanière
Petitebuissonnière
Pasplusdemenstrues
MajolielucieflaireLesventsdusudculnu
Cachéedanssonrepaire
Toutelafauneyestvue
AinsicemalotruFilaitsaménagère
Del’échoppeaubuisson
Luifaisaitàfaçon
Perdretoutemanière -
Nature est enfer
vision de la baie fangeuse et malodorante
l'anti-sirène rêve robe de poisson
et s'humilie la novice et nubile errante
au rouge chienne insalubre de ses cuissons
de la plage elle voit la putride colline
des morts en mer la mise en bière au cimetière
a l'éternel de la terre humide et saline
puisque le corps n'y décompose pas d'un tiers
tu ne cuiras point en enfer mais en Nature
qui ne sait rien qui n'a rien vu de cette horreur
des champs des camps des cantiques du monde impur
je dis la vérité en hiver à Nature
à la nubile à la mémoire de ces cris
qui poussent aux bourgeons de l'arbre ou de l'armure :
Nature est enfer -
Sainte Eugénie
Voyez comme c'est très emmerdant
La manie d'un bougre de pédant
Croyez-vous que ça soit amusant
D'avoir la poésie dans le sang ? -
Bains publics
Bien des hommes
Donnent pommes
Aux fillettes
En bluette
Six assises
Se font bises
Qui se tiennent
En fontaine
Dès qu’un faune
Touche aux zones
Doigts de l’ire !
Six soupirent -
Jazz messengers
Quelques temps avant sa mort, Charlie Parker livrait à Art Blakey cette pensée : "Ecoute avec tes yeux et vois avec tes oreilles".
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Le jazz prend Racine
Erika Stucky fêtait ses 40 ans hier soir, comble du petit bourgeois, dans un théatre à l'italienne. Mais Erika fait tousser et dans l'intimité de ce genre de théatre il valait mieux avoir l'esprit ouvert. Ce n'est pas du jazz, c'est comme un "verbeux vagabondage" avec une performance vidéo sur la reprise de Presley où elle chante en se regardant filmée à casser une solide guitare le temps du morceau. Sa voix a la supériorité, et surtout elle a deux brillants musicens qui ont cette apparente facilité de la précision niaise, en place avec un tuba et un trombone qui ne se regarde même pas elle livre un répertoire exubérant. "Vous ne me connaissez pas" dit-elle en préambule "Peut-être vous m'avez googlée".
Les Fat Kid Wednesdays partent comme un trio de plus (as-ts-ss/b/dm) mais campent la mythologie dès la première mesure. Il n'est pas question de révolution ni de leçon comme lorsque nous soupons régulièrement avec certains jazz européens. Encore une fois la preuve est faite par la batterie qu'elle n'a pas traversé l'Atlantique comme le chewing-gum. Tous les batteurs français qui voient ce batteur doivent rêver jusqu'au dernier de posséder un son pareil, une telle maîtrise en étant aussi jeune ! Cela m'a rappelé le jour où j'écoutais pour la première fois le trio de B. Marsalis avec Jeff T Watts (fin des '90), j'estimais dès lors avoir été trompé. Comme Lautréamont disait en son temps à propos des poètes; rien de neuf depuis Racine, on se rattrape ici en les écoutant de toutes les fadaises imposées depuis les racines de la mythologie noire. Ce batteur a l'aplat de Baby (unisson), le fracas de Chick, la danse de Gene, le swing de Cozy, le rock de Papa Jo et la continuité de Big Sid.
Il manquait peut-être un peu de l'architecture de Max et de l'illusion de Kenny ? -
Mais quelle histoire !?
Voici ce que Sonny Rollins pense du batteur. "A mon sens, [il] doit connaître le répertoire, l'histoire du jazz et de ses musiciens, et, dans mon cas, tout mon parcours musical. Il est celui qui peut changer la face d'un concert. Pour toutes ces raisons, j'attache une importance particulère à la batterie. Bien sûr, tous les instruments sont déterminants, mais la batterie est celui qui peut le plus influer sur mon jeu et me fournir le plus d'axes et d'assise pour me porter plus loin."(G. PACZYNSKI, TII p.197, une histoire de la batterie de jazz). L'histoire du jazz ça tout le monde connaît, enseigne; mais l'histoire d'un musicien est-elle vraiment dans un cours une méthode, un livre ?
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Exercice
Un poème
Aux cent jets
Du régent
Au tempo
Du totem
Turgescent -
TERREAME
Je veux m’étendre l’âme et le cœur
Sur un coin de table
Un bout de terre
J’étends ma carte et voyez
Dans mes monts et vallées
Je ne suis que terre
Dans l’herbe, étendueElle enfonce ses doigts dans l’herbe
Ma ta nos vos terres
Elles sont à nous nous sommes à vous
Chers clients
Elle est toute à moi par terre
Enfin à terre
Terre au goût incongru
Je ne serai jamais poussière
Car elle renferme tous les tombeaux
Le diable les cordeaux et les peintures de
JérômeEs-tu terre es-tu mienne ?
-antédiluvienne
Tu lis dans ma carte au cent millième
Les légendes de mon âme
Les chemins enferment mon cœurPetite tu imaginais la terre entière
Et craignais ses entrailles diaboliques
Tu grandis de livres et de dessins
En modelant la terre en y enfonçant les doigtsPeu à peu nous serons terre et carte
La musique sort de terre
Jamais celle de la mort
Jamais poussière
Nous serons terre et carteCe seront Jéricho et Jérôme
Jéronimo et Miles
Pas d’unité ni lieu ni temps TERREAME -
Tempus fugit
Lorsque je frappe de la douille
Des balais je joue la cymbale
D’un trait qui goûte le métal
Le bois le vert de gris la rouilleÔ quel silence va s’écrire
Verrai-je autant mon avenir ?
Dans cette partition au son
De ces tambours à l’unisson -
Joueur de guitare et buveur d'absinthe
Manet a "transformé des compositions traditionnelles en scènes subversivement modernes". Lors du Salon de 1859 ont Ingres et Delacroix composaient le jury, "le buveur d'absinthe" a été rejeté. "Proust affirme avoir été présent avec Baudelaire lorsque Manet apprit la mauvaise nouvelle, et nous rapporte la longue conversation qui s'ensuivit. - la conclusion dit providentiellement Baudelaire, c'est qu'il faut être soi-même. - Je vous l'ai toujours dit [...] répliqua Manet, mais est-ce que je n'ai pas été moi-même dans le buveur d'absinthe ? - Euh! Euh! reprit Baudelaire. - Allons, voilà Baudelaire qui va me débiner [...]". De plus à propos de "Espagnol jouant de la guitare", réintitulé plus tard en "Chanteur espagnol", la critique fut plutôt sévère, certains "jugèrent le tableau trop réaliste et reprochèrent à l'artiste la lourdeur de ses aplats, mais l'oeuvre étonna et ravit plusieurs de ses contemporains".
"Manet Velazquez, La manière espagnole au XIXe siècle" Paris, musée d'Orsay 16/09/02 au 05/01/03.
Manet a modernisé les sujets - un peu à la façon d'un Velazquez, hidalgo peignant le mendiant dans sa crasse. L'art moderne naît avec lui jusqu'à l'art saturé que nous connaissons aujourd'hui.
P.S. le Salon des Refusés se tient en 1863, il a simplement été refusé souvent...