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221. Bloagues bretonnes

  • Paris-Brest et dessertes (l'anthropophage en voyage)

    je pars de Paris

    quand le midi

    s'achève

    je mens à Le Mans

    à ma voisine

    de siège

    j'avale à Laval

    deux trois demis

    de belge

    et je freine à Rennes

    tout ce débit

    me grève

    mais j'emballe à Lamballe

    cette parisienne

    fort_aise

    je ceints à Saint-Brieuc

    les bras de son corps

    de rêve

    quand je mords à Morlaix

    les deux grosses miches

    qui pèsent

    je reste à Brest (bis)

    manger les restes

  • Linge

    Je suis bien aimé des lesbiennes
    qui s'hommassent sur la moraine
    des dessous et tout le bordel
    tant inusitées que font-elles

    Souillé de saillies minérales
    en misogyne lamentable
    et à profusion de longs râles
    je pose très mal cette fable

    Malhabile au bas mot, ma pierre
    est jalouse au vrai de ces fières

  • Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc

    les mardis après midi, je peux faire un tour au musée sans croiser âme qu'y vive hormis la guichetière, planton zozotant. L'exposition des peintures de Jacques Lacomblez (peintre et poète 1934-) semblait prometteuse vu que le bonhomme belge a fréquenté par le passé Breton, Magritte et d'autres surréalistes (ceux-ci chers à Lévi-Strauss dans la manière de faire) mais la ballade dans le musée devient vite une angoissante sortie de classe fantôme, dans une présentation des oeuvres où reste peu de place, au milieu des rémanentes maquettes et autres expositions d'outils calamiteux. Louons tout de même sa présence qui ne doit pas au hasard, la matière surréaliste étant bretonne (A. Jarry, M. Denis deux symbolistes précurseurs et Y. Tanguy, A. Breton) ainsi que belge (R. Magritte, et la liste est longue).

    "J'attends depuis des siècles
    un oiseau fabuleux
    qui vienne en mon désir
    couver un instant d'or"
    Jacques Lacomblez "Pages de Mégarde" 2008.

  • Maurice Denis et la bretagne (japoniaiserie ?)

    Derrière le maître des Nabis on aurait pu imaginer un être plus sulfureux que celui qui apparaît dans ses thématiques visibles sur "La fraction du pain" ou d'autres pieux sujets bretons "l'enclos paroissial de Lampaul"... Pourtant l'effet des bleus dans l'ombre est bien là et même les couleurs négatives saturent sa peinture. Plus tard durant la visite on apprend qu'à son goût les paysages bretons sont propices aux sujets mythologiques (Galatée, le Minotaure...) et particulièrement ceux de Ploumanach - où j'ai personnellement vu la fille d'Hérodiade. Ce bon père de famille (sept enfants) appréciait la poésie de Charles Le Goffic dont le paraphe figure sur une page de garde d'un recueil en sa possession, ils partageaient l'idée selon laquelle l'art est une sacralisation au sens religieux, des sujets. Hélas on se souvient plus de lui aujourd'hui pour ses japoniaiseries d'époques, enluminures fondamentales du Nabi :

    Les Hêtres de Kerduel (1893)

  • Araignée Chardonnay

    Araignée Chardonnay
    pensait qu'il y avait des mets
    qui ne se mangeaient
    devant personne ;
    comme sexe faible
    - De gravité, lui fit observer son homme
    C'est l'âge où l'amour tombe comme une pomme.

  • Moi, la fille de bon vit (se veut d'inspiration jarryque mais d'un jarrysme méconnu)

    J'ai de petits seins que les hommes n'évaluent, tant et bien qu'ils regardassent toujours mon cul. Mais mes tétons sont le donjon d'horizons où je suis poétesse et d'où coule ma vue dévolue sur    l'un. Sa langue est l'orvet qui bruisse et la fouisseuse...

    - Quelle barbe, je suis sec et seul déjà en à peine trois lignes.

    "SINGULUM : Sans avoir m'a laissié tout sengle (Rutebeuf)." Note de bdp, p.8 de l'édition originale (que je fais croire avoir).

  • L'écrivain

    Dans la maison de convalescence un homme qui visite sa mère lui présente ses feuillets pour relecture. Elle acquiesce, elle sourit, elle opine. Il y relate paraît-il (je le tiens de mon père) son enfance passée auprès d'elle. Comme cette vérité là doit être simple et bonne, partagée avec sa propre mère et après tant d'années. Dans cette maison, la mère de son ex-femme y fait aussi séjour, c'est à peine s'ils se disent bonjour et d'ailleurs, ses trois fils ne lui parlent plus depuis des années.

  • nostradamus bertrand

    Pourquoi les gens se demandent pourquoi leurs journaux sont livrés sous plastique malgré les accords du grenouille de l'environnement ? alors que nostradamus bertrand prend toujours ses photos en hélicoptère et se fait repasser son journal tous les matins comme la reine d'Angleterre, sans compter sa cabane en bois de cèdre imputrescible. Cela fait quand même des millions d'années qu'on l'attendait.

  • broussaï

    e40b038390489488943447f6e496d0aa.jpgL - j'en ai assez de phosphorer près de toi tu sais

    - tu vas encore faire de l'esprit

    L - je ne me trouve pas belle

    - mais si

    L - mais non

    - derrière toi c'est brassaï

    L - ah oui ces joints en blancs comme à pont croix... toi par contre...

    - quoi ?

     

  • Toute ressemblance

    Entre les voitures du parking d'un supermarché
     je vois un homme vaquer à lui-même.

    Je suis persuadé de reconnaître ce professeur d'université
    en statistiques, accessoirement en langage Fortran.
    Voilà deux fois que je l'observe à deux mois de distance, et
    chaque fois il ne manque pas de laisser paraître qu'il compte les véhicules.
    Sa vacance le rend inexistant et bientôt invisible.
    Il va promptement de portière en portière,
    ménage une pause erratique et réitère.
    Je me dis que ce pauvre homme perd
    régulièrement ici une demi-heure
    pour retrouver sa voiture.
    C'est le temps qu'il lui faut
    pour ôter son manteau dans une auto
    et retourner vaquer à ses occupations.
    Entre les voitures du parking d'un supermarché
     je vois un homme vaquer à lui-même.
    A bien regarder et rectification faite; ça serait plutôt un voleur. STOP
          END PROGRAM

  • Boule de n'ai-je

    Ai-je jamais aimé la vie les lendemains de l'avoir dit
    hein ?

    Dans mon processus personnel de création (je me pince) je connais deux jaillissements. Le linéaire expansif (aucun vers ne sera changé chronologiquement, c'est un plaisir extraordinaire, facile et rapide) et le complexe interverti (j'intervertis beaucoup les vers et leurs mots... c'est long, très fastidieux mais amusant) celui-là est de la première espèce mais cela n'arrive que très rarement. Dans tous les cas, j'arrive à me surprendre.

  • Eugénisme

    Samedi 8 septembre 2007 fin d'après-midi, à saint-brieuc.

    Sur la place du théatre entre la colonne morris et une cabine téléphonique, une bossue sans âge fait les poubelles. Vient alors un homme âgé à l'allure moderne et qui descend du trottoir, s'écarte largement de la bossue pour signifier aux gens comme moi qui assisteraient à la scène son évitement, puis remonte et reprend son chemin. La colonne morris est un cadeau récent à la ville d'un marché d'équipement - celle-là fait chic dans mon texte - la cabine téléphonique est utilisée par une jeune fille et la bossue n'en est pas moins engoncée dans son pull misérable.

  • La diagonale de Le Faou

    Le voyage de Saint-Brieuc à Quimper n'est pas tout à fait surréaliste, pourtant irrespectivement nous sommes allés d'Yves Tanguy à Alfred Jarry comme ça, en bouclant la boucle dans la journée.8f73f4080d7afe61d2b0e24ea4d9d8e0.jpg

     

    La fille aux cheveux rouges

    Yves Tanguy.

  • Lectrice, lecteur (il y en a)

    Je ne sais jamais quand je vais écrire. Je vais développer un diaporama de ce blog depuis son origine et avec ses variations erratiques, ainsi vous pourrez visionner le déploiement de mon blog depuis ses débuts (soit novembre 2005) pause et vitesse à votre convenance bien sûr, séquencement paramétrable, ordre chronologique inversé ou non... La version sera d'abord gratuite puis deviendra subitement payante après vos vacances.

  • Fatrasie

    Depuis l'origine sont bercés les secrets
    Tel Concerto en Sol est basque fantaisie...
    Dans les prémices de la Nuit en Tunisie
    Philly Joe Jones aurait-il joué du hochet?

    Je l'ai su en ouvrant la radio lundi soir
    L'orage ayant raison d'un accès numérique
    J'ai mis l'antienne hertzienne en l'écran pandémique
    S'y déroulait lors, Maurice Ravel en noir

    Du salon où la foudre m'éclairait par fois
    Je vis jouets et pottoks mais n'entendis pas
    Plus l'ankou que cette femme appelant à soi

    On n'écrit pas de soi mais de tout l'extérieur
    Je me suis mille êtres à mélancolie leur
    Dans les tableaux, mouvements ou rondos rieurs

  • Cher Louis,

    Lundi 9 avril 2007

    J'ai couru hier par ton chemin celui qui descend au port
    puis celui qu'empruntaient les douaniers jusqu'aux Rosaires
    La municipalité a donné ton nom à ces chemins il y a une dizaine d'années
    ou plus exactement la nouvelle division territoriale qui s'appelle la Cabri a fait porter ton nom à ce chemin

    Une autre route ancienne engoncée dans les talus est maintenant bitumée
    elle permet de se rendre au même endroit
    Vendredi 6 avril 2007

    Là-haut au-dessus de Martin-Plage
    deux jeunes filles en vacances
    viennent de dresser une couronne de fleurs de colza sur l'asphalte
    à chaque voiture qui passe elles sautent du talus pour en ajouter
    chaque roue écrase la fleur huileuse
    Un peu plus loin après le calvaire
    après le carrefour d'un hameau
    nous apercevons comme une oie sur la route
    qui n'est en réalité qu'un très beau faisan bien dodu

    Un champion du monde de cor de chasse
    m'avouait en 1996 que dans ma situation
    de faisan à midi dessus le volant
    il accélérait afin de le buter

    au retour je constate avec regret
    qu'en fait de couronne ça n'était qu'un coeur

    P.S. Vu le film de Peter Kassovitz tiré du roman "le sang noir" à la télé samedi dernier.

  • Intersigne 2 (la raie verte, le café arabe, la danse et la musique)

    Ce matin, au petit déjeuner j'ai très bien observé pour la première fois une raie bleue sur le tronc du pin face à la fenêtre - entre la mer et nous - largement un siècle après les premières chinoiseries en peinture (et même cinq années après Yvon Le Men). Je crois bien que la lumière de novembre est propice à cette coloration troublante.

  • arbre historique

    dans ton épaisse écorce et noueuse
    j'ai déchiré les croûtes scoriacées
    pour humer tes bois lisses et humides
    car tu es mon chêne et nous nous buvons

    il y a là un puit de sourcier
    une rosée même à l'été
    un ru fangeux

    petit j'y ai grimpé
    et planté de gros clous
    en me faisant plus mal que toi
    tu es boursoufflé par les élagages ratés

    avant que mon père dans ce champ y mette sa maison
    des paysans t'avaient choisi martyr
    maintenant sont à ton pied
    les déchets organiques
    de ce qu'il reste
    d'une famille

  • Intersigne d'hier

    Une et une seule feuille morte a réussi à pénétrer dans mon véhicule, ma vitre seulement ouverte au quart et cela alors que je roulais sur la file de gauche. Ca m'a rappelé l'artichaut frit dégusté en Italie, qui lui me fit penser au bouquet de la mariée.