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  • Nous parlerons du pays et des sentiments

    Soir, mardi 23

    A la fin d'octobre 2007 je me trouve dans l'exact milieu du segment dessiné par Gustave Courbet et Jean-Jacques Henner que je ne connais pas encore - ou si peu - mais que m'en restera-t-il? J'ai déjà fait mes emplettes de souvenir aux lafayettes. La vendeuse qui m'y conseilla un sautoir pour ma femme a été dans le collège où mon père enseignait les mathématiques. Surprise des dénombrements? des géométries? Je suis las depuis longtemps des histoires de professeurs mais poursuivi. Ainsi aurai-je dû couper l'autoradio hier avant d'écouter cet écrivain qui détaillait par le menu la psychologie du cancre. Je me rassure aujourd'hui avec ce cher Louis qui considérait le bénéfice de l'institution scolaire comme une trahison; la trahison sociale de son milieu. Je crois sans savoir me l'expliquer : trahison tout court. Plus loin encore que comprendre ne pas comprendre, plus forte que la perception chère à Spinoza, je revendique ma stupidité et ne cache plus l'air qu'elle me donne devant la beauté ou devant n'importe quel questionneur.

  • Toute ressemblance

    Entre les voitures du parking d'un supermarché
     je vois un homme vaquer à lui-même.

    Je suis persuadé de reconnaître ce professeur d'université
    en statistiques, accessoirement en langage Fortran.
    Voilà deux fois que je l'observe à deux mois de distance, et
    chaque fois il ne manque pas de laisser paraître qu'il compte les véhicules.
    Sa vacance le rend inexistant et bientôt invisible.
    Il va promptement de portière en portière,
    ménage une pause erratique et réitère.
    Je me dis que ce pauvre homme perd
    régulièrement ici une demi-heure
    pour retrouver sa voiture.
    C'est le temps qu'il lui faut
    pour ôter son manteau dans une auto
    et retourner vaquer à ses occupations.
    Entre les voitures du parking d'un supermarché
     je vois un homme vaquer à lui-même.
    A bien regarder et rectification faite; ça serait plutôt un voleur. STOP
          END PROGRAM

  • Expurgation, collage

    "
    En soupant lentement sous une treille brune
    Dont les beaux muscats blancs luisaient au clair de lune,
    Tandis que pour moi seul, dans la nuit, un oiseau
    Chantait vers le tilleul, je pensais à Rousseau...
    "
    Léo Larguier (Rêverie, extrait)

    "
    Je voyais palpiter sa jeune gorge blanche
    Une cerise fraîche entre ses seins glissa
    Quels cris ! Elle la prit, elle me la lança
    Et dans le noir feuillage à l'ombre bleu et verte
    Radieux, je mangeai cette cerise offerte
    Dure, glissante, et lisse ainsi qu'un beau rubis
    Ah ! cerise de juin, doux petit fruits exquis !
    Du bouton carminé, tiède, odorant encore
    Des tiédeurs, des parfums de sa gorge
    "
    Léo Larguier (d'après "l'idylle des Cerises" dans les Confessions)

    "
    Léo Larguier soldat mystique ô brancardier
    Les vers du caporal plaisent au brigadier
    Ce secteur 114 est-ce Arras ou peut-être
    La ferme Choléra sinon le bois Le Prêtre
    Ici la fraise est rouge et les lilas sont morts
    La couleuvre se love en la paille où je dors
    Quand s'éveille la nuit la Champagne tonnante
    La nuit quand les convois traînent leur rumeur lente
    À travers la Champagne où tonnent nos canons
    Et les flacons ambrés
    Et si nous revenons
    Dieu Que de souvenirs
    Je suis gai pas malade
    Et comme fut Ronsard le chef d'une brigade
    Agent de liaison je suis bien aguerri
    J'ai l'air mâle et fier j'ai même un peu maigri
    Des braves fantassins je connais les tranchées
    Où les Gloires de pourpre aux créneaux attachées
    Attendent que nos bleus les violent enfin
    Au nez de Rosalie épouse du biffin

    Êtes-vous en Argonne ou dans le Labyrinthe
    Moi je ne suis pas loin de Reims la ville sainte
    Je vis dans un marais au fond d'un bois touffu
    Ma hutte est en roseaux et ma table est un fût
    Que j'ai trouvé naguère au bord du Bras de Vesle
    Le rossignol garrule et l'Amour renouvelle
    Cependant que l'obus rapace en miaulant
    Abat le sapin noir ou le bouleau si blanc
    Mais quand reverrons-nous une femme une chambre
    Quand nous reverrons-nous Mais sera-ce en septembre
    Adieu Léo Larguier ça barde en ce moment
    105 et 305 le beau bombardement
    Je songe au mois de mars à vous à la tour Magne
    Où est mon chocolat Les rats ont tout croqué
    Et j'ajoute mon cher style communiqué
    Duel d'artillerie à minuit en Champagne
    "
    Guillaume Apollinaire
    (lettre d'Apollinaire à Larguier, soldats sur le front)

  • Boule de n'ai-je

    Ai-je jamais aimé la vie les lendemains de l'avoir dit
    hein ?

    Dans mon processus personnel de création (je me pince) je connais deux jaillissements. Le linéaire expansif (aucun vers ne sera changé chronologiquement, c'est un plaisir extraordinaire, facile et rapide) et le complexe interverti (j'intervertis beaucoup les vers et leurs mots... c'est long, très fastidieux mais amusant) celui-là est de la première espèce mais cela n'arrive que très rarement. Dans tous les cas, j'arrive à me surprendre.

  • "bohemia after dark"

                                            ô
        
                                  B  O  H  E  M

                                            A

                                            G

                                            I

                                            R

                                            A 

    je t'ai vu brûler dans le chant de tes désirs
    mon amour tu n'attends plus sur les bords du vide
    notre couche n'est plus celle de l'apatride
    le lit et le foyer sont fondés qui respirent

    ici nous pouvons nous asseoir et boire enfin
    de cette eau que nous aimons autant que nos yeux
    nous partageons l'ombre ou l'horizon sous nos cieux
    comme jadis le quignon d'un pain noir la faim

    voilà chère combien je sais t'écrire encore
    et pour être pardonné crois bien que je t'aime
    toi qui m'ouvres matin les volets de bohème

    nous avons si peu fait de chemin tous les deux
    qu'un beau jour nous fondions une nouvelle vie
    irons-nous dans la vallée sainte en cette vie
                                            ?

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