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  • Petrouchka (jeudi soir 26/11)

    ges_Lacombe-1868-1946-Marine_bleueBeaux-Arts_de_Rennes.jpgDans le tournant du premier balcon ma voisine de droite m'a avoué ne pas avoir payé sa place. Mon autre voisine au chic assumé connaissait le programme sur le bout de ses doigts qu'elle ne manquait pas de faire claquer promptement à la fin des pièces musicales, et c'est avec cette classe qu'à l'entracte elle a réquisitionné poliment le programme annuel posé sur mes genoux pour achever de l'utiliser en éventail nonchalamment retombé à sa place, lorsqu'elle regardait de l'autre côté son époux. Naturellement j'ai prévenu sa chute, naturellement elle loua ma prévenance en m'ignorant. Mais cela n'était rien en regard de l'autre voisine qui ne payait pas son entrée pour la bonne raison de sa qualité d'émissaire du ministère de la culture venue pour; donner son avis, sic.

    A l'entracte, le virage était impraticable et nous sommes restés assis. Je l'écoutais me parler avec distraction tandis que je contemplais cette armoire à chevaux, étale sur la scène. "Armoire à chevaux renversée", ai-je pensé alors qu'elle me disait sa surprise de ne voir que des cheveux blancs dans le parterre de l'auditoire. J'avais choisi le meilleur endroit pour observer du balcon les mains d'un pianiste venu interpréter un répertoire russe très attirant à mon goût, même s'il remplaçait au débotté Mikhail Rudy initialement programmé. Le meilleur endroit enfin pour les meilleures voisines. L'émissaire me faisait part de ses critiques à l'égard de ce remplacement, trouvant à redire sur une interprétation de Rachmaninov sans partition, alors que ce remplaçant avait eu seulement deux jours pour préparer le répertoire à l'identique (sauf ce Rachmaninov au détriment des tableaux de Moussorgski). Admirons la coupole, imaginons sa restauration, les corps de métier attenants, ses boiseries et ses dorures.

    Je me serai tu sur ce "1884" en chiffres d'or tout là haut au fronton qui signait l'inauguration du théatre quand Jarry avait onze ans et qu'il assistait à ses premiers opéras comiques ici même, soufflant au foyer du surréalisme et le réanimant à jamais ! Ou ici encore l'annonce faite sur la scène de la naissance de Patrick Dewaere par ses grands frères après la guerre. Louis Guilloux toujours... Non rien de cela, je ne suis pas qualifié, nous discutons des pratiques amateurs dont je connais un peu le rayon, elle ne manque pas de préciser qu'elle a fait partie d'un jury de concours de piano pour amateurs et de me demander mon instrument. Quand revoilà Roustem Saitkoulov sur la scène jouant Prokofiev, son meilleur moment. Mais dès le début de Petrouchka si cher à mon coeur, je suis surpris et déçu par la rapidité extravagante d'exécution de cette oeuvre de Stravinsky. Roustem Saitkoulov, reviendra plusieurs fois faire des rappels avec une alacrité dissimulée.

  • Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc

    les mardis après midi, je peux faire un tour au musée sans croiser âme qu'y vive hormis la guichetière, planton zozotant. L'exposition des peintures de Jacques Lacomblez (peintre et poète 1934-) semblait prometteuse vu que le bonhomme belge a fréquenté par le passé Breton, Magritte et d'autres surréalistes (ceux-ci chers à Lévi-Strauss dans la manière de faire) mais la ballade dans le musée devient vite une angoissante sortie de classe fantôme, dans une présentation des oeuvres où reste peu de place, au milieu des rémanentes maquettes et autres expositions d'outils calamiteux. Louons tout de même sa présence qui ne doit pas au hasard, la matière surréaliste étant bretonne (A. Jarry, M. Denis deux symbolistes précurseurs et Y. Tanguy, A. Breton) ainsi que belge (R. Magritte, et la liste est longue).

    "J'attends depuis des siècles
    un oiseau fabuleux
    qui vienne en mon désir
    couver un instant d'or"
    Jacques Lacomblez "Pages de Mégarde" 2008.