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Uranus en cavale

Episode 

Uranus ne m'a pas dit comment elle avait fait pour arriver à l'hippodrome de la baie de Saint-Brieuc seule sans moyen de transport depuis Montsoreau. Mais je ne lui ai pas dit non plus ce que je faisais dans cette kermesse. Ainsi l'amour de cheval peut vous faire tout quitter sans questions. Le soir j'ai pris le wagon à bestiaux avec elle, je me suis arrangé avec la contrôleuse en lui expliquant que je voyageais avec une chevale. Uranus se mit à parler avec les vulgaires vaches du wagon, je n'ai pas compris un traître mot de leur conversation à la grammaire ruminée et je me suis endormi un moment. Pas longtemps, car nous faisions arrêt dans toutes les gares. J'ai toujours aimé les voyages en train et cette fois, couché dans le foin j'étais vraiment aux anges, au chaud contre l'ex-jument du colonel. Il n'y eut pas de changements, seulement des décrochages de wagons et des longs crissements dans la nuit campagnarde ou citadine, pas de contrôles mais du ravitaillement. J'ai bu l'eau d'Uranus j'ai mangé l'avoine tout comme avant. A l'aube, elle jouait à lire tous les tags inscrits sur les trains. Mon portable a sonné et toutes les vaches ont râlées, c'était ma femme.

- T'es où ?

- Je suis parti.

- Au travail ?

- Non, je quitte tout pour une chevale.

- Arrête un peu ta littérature Paul, j'en ai assez.

- Moi aussi.

J'ai coupé mon téléphone. J'ai embrassé Uranus elle faisait des grand yeux dans les rayons de soleil qui passaient au travers des aérations. Je me doutais un peu qu'aucun train ne nous mènerait à Montsoreau.

- Nous arriverons bientôt.

- Oui.

- Il n'y pas de train qui longe la Loire jusqu'à Montsoreau.

- Nous marcherons à partir de Saumur, par les petits chemins.

- Une marche de quarante kilomètres !

- Vous aurez le temps d'évoquer le passé, monsieur le poète.

- Quoi ?

- Innocent. Votre femme nous a harcelé de textes téléphonés en charabia grossier, plutôt subtiles d'ailleurs une fois déchiffrés. Ils s'adressaient directement à celles avec lesquelles elle a supposé que vous êtiez.

- Comment faites-vous pour ouvrir un si petit téléphone avec vos fers à cheval ?

- Ne changez pas le sujet. Qui est donc cet éditeur dont parle votre femme et qui veut vous faire faire des poèmes à la gloire des villages de campagne ?

- C'est une mauvaise passe et c'est tout ce que j'ai trouvé en un an de blog.

- "Plaudublinec, j'aime euh ton bec" ! qu'il est bon ce poète !

- Honte à moi, c'est un correspondant du journal local qui me trouve... Qui m'a trouvé génial.

- Vous vous attirez toujours les ennuis, heureusement pour vous, nous arrivons, mais vous me raconterez ça tout à l'heure.

- Avez-vous un ordinateur à Montsoreau ?

- C'est le grand vert mon cher, terminé les papotages de blogs, finie la soupe. Là-bas vous allez prendre un crayon et du papier.

- Un café avec internet peut-être ?

- Et pourquoi pas du filaire sur l'eau de Loire ? bon, c'est parlé. Tenez-moi la bride aidez-moi à descendre, et puis ôtez-vous cette paille sur le dos, ça vous fera encore du tort, et n'oubliez pas de saluer les vaches.

Saumur, la gare. La fière sensation matinale, et l'impression du minuscule dans le gigantesque fleuve. Nous allons passer le long pont.

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